Patrick Baz

Patrick Baz est photographe à l'AFP (Agence France-Presse) et a couvert de grands conflits, notamment la première Intifada, la première guerre du Golfe mais aussi la Somalie ou l'Irak.

Il vient de réaliser une série de photos dans les rues de Bagdad en utilisant Hipstamatic et en marge de ce reportage assez exceptionnel, j'ai voulu savoir ce que Patrick pensait de cette application.

Utiliser une application comme Hipstamatic doit radicalement changer votre façon de photographier. Quels sont les avantages et les inconvénients de cette démarche?
Patrick Baz: C’est une façon radicalement différente effectivement. Car je suis limité à un certain cadrage et à une lumière bien spécifique. De plus, j’ai rarement le temps de changer les films et les objectifs. L'avantage, c’est que dans des pays difficiles, je passe pour un touriste, je me confonds dans la masse et personne ne fait attention à moi. Un des inconvénients majeurs, c’est que c’est une approche photographique plus que journalistique.

Pourquoi avoir choisi Hipstamatic plutôt qu'une autre application?
Patrick Baz: Ca a été naturel. Je n’ai pas beaucoup réfléchi à la question. J’ai reçu l'iPhone en cadeau pour Noel, j’ai téléchargé l’appli et je me suis amusé. Je ne cherchais pas du tout à publier mes images.

Avez-vous une combinaison objectif/film préférée? Je pense que vous avez utilisé principalement Kodot XGrizzled et John S.
Patrick Baz: Exact. Mais je fais des essais. C’est nouveau pour moi. L’utilisation des combinaisons dépend en fait de la lumière disponible, de ce que l'on ressent et de ce que l'on veut montrer.

Quelles ont été vos réactions en découvrant vos premiers clichés réalisés avec Hipstamatic?
Patrick Baz: J’ai trouvé cela très sympa. J’ai toujours été contre l’utilisation de ces applications dans la profession car cela déforme la réalité de la lumière ambiante et dramatise l’ambiance. C’est pour cela que j’insiste sur le fait que c’est une approche photographique. En Irak, je me suis trouvé dans l’obligation de faire des images avec mon Iphone (voir interview AFP) et avec l’accord de la rédaction en chef photo de l’agence, nous avons décidés de les publier. C’était un plus pour nos clients. Mais je continue à faire des images "normales" avec des DSLR sans filtres et sans artifices. Le débat concernant l’utilisation d’Hipstamatic est très animé dans le monde du photojournalisme. Les habitudes changent et évoluent. Verra-t-on un jour un World Press décerné à une image ou un reportage fait en Hipstamatic? Je me pose la question.

Utilisez-vous votre iPhone sur le vif, dans le feu de l'action?
Patrick Baz: Jamais. La priorité est au DSLR. J’utilise mon iPhone quand je n’ai vraiment pas le choix (sans appli d’abord), puis avec des applis pour faire des images d’illustration ou des images qui n’auront pas le même effet sans tous les filtres disponibles.

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